Les sciences participatives à la rescousse des cours d’eau qui s’assèchent

COMMUNIQUÉ DE PRESSE - L’application de sciences participatives DRYRivERS montre déjà des premiers résultats ! Déployée à l’échelle internationale en 2022, elle enregistre en 1 an plus de 4 000 contributions. Un ensemble de données en open source, accessibles à tous via un simple site web. Un démarrage encourageant pour la préservation et la gestion de nos rivières, à l’échelle du globe.

Le changement climatique et l'augmentation des besoins en eau assèchent de plus en plus les rivières. Elles s’intègrent dans ce qu’on appelle les réseaux hydrographiques, essentiels à notre bien-être et hautement menacés. Mais leur assèchement est peu étudié, compris et cartographié.

C’est l’objectif du projet européen DRYvER, piloté par INRAE. Nos experts, au sein d’une équipe internationale, ont produit une application pour smartphone en open-source inédite : DRYRivERS*. Tout citoyen à travers le monde entier peut ainsi contribuer à ce projet de sciences participatives pour aider à l’étude de ces rivières qu’on appelle intermittentes.

En janvier 2023, DRYRivERS comptait pas moins de 1 277 utilisateurs qui ont enregistré plus de 4 200 observations sur 1 900 cours d’eau à travers l’Europe et le monde entier. Ils sont répartis entre 15 et 20 pays différents : 41 % sont en Hongrie, 31 % sont en France, 6 % en Espagne et 5 % en République tchèque.

Le projet montre déjà des résultats : les données récoltées sur DRYRivERS permettent de suivre l’état des cours d’eau en temps réel et fournissent de précieuses informations aux gestionnaires des cours d’eau. Par exemple, elles montrent que les rivières intermittentes sont présentes dans toutes les régions climatiques du globe. Les données recueillies montrent par ailleurs que les têtes de bassin versant, les zones proches des sources et drainées par les plus petits cours d’eau, et les petits ruisseaux, en particulier, sont sujets à l’assèchement.

Ainsi, les syndicats de rivières en France, et plus largement les gestionnaires de l’eau, pourront prendre des mesures adaptées et très localisées en terme de contrôle des débits et restrictions d’eau. C’est par exemple déjà le cas pour le syndicat de la rivière d’Ain aval et de ses affluents, qui utilise l’application sur le terrain. Les référents communaux, les agents et les partenaires du syndicat contribuent sur l’application.

Mais cette application est aussi un outil de communication et de sensibilisation du grand public aux phénomènes d’assèchement des rivières, qu’ils soient d’origine naturelle ou anthropique.

 

* L’application a été récompensée lors du Prix de l'Union européenne pour la science citoyenne, le lundi 22 mai 2023. Un prix remis par l’Ars Eletronica, un festival unique en son genre qui récompense chaque année des artistes et des scientifiques travaillant sur les nouvelles technologies et la manière dont elles modifient notre façon de vivre et travailler.

This project has received funding from the European Union’s Horizon 2020 research and innovation programme under grant agreement n°869226. 25 partners across 16 countries. 2020-2024

 

Comment fonctionne l’application ?

Il s’agit de renseigner en trois étapes : (1) le lieu de la rivière ; (2) les conditions du lit de la rivière (par exemple si l'eau y coule, si elle forme des mares d'eau stagnante dispersées ou si le lit est sec) ; et (3) une photo du site. Chaque citoyen peut utiliser le GPS de son smartphone pour déterminer sa localisation, ou trouver des lieux existants sur la carte. Et même sans réseau, l'application conserve toutes les données nécessaires qui pourront être envoyées sur les serveurs une fois la connexion mobile disponible. Toutes les observations faites par le public dans l'application DRYRivERS sont en libre accès sur le site Web de DRYvER (https://www.dryver.eu/app).

Référence

Truchy A. et al. (2023). Citizen scientists can help advance the science and management of intermittent rivers and ephemeral streams. BioScience, biad045, https://doi.org/10.1093/biosc